LE DEVELOPPEMENT DURABLE EN OCEANIE

VERS UNE ETHIQUE NOUVELLE ?
COLLOQUE INTERNATIONAL 2013
24, 25 et 26 avril 2013, Province Nord de Nouvelle-Calédonie

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Présentation du Colloque

24, 25 et 26 avril 2013, Province Nord de Nouvelle-Calédonie

AGORA-SHS Nouvelle-Calédonie, le Réseau des Sciences Sociales en Nouvelle-Calédonie, en partenariat avec le Centre des Nouvelles Etudes sur le Pacifique (CNEP, UNC) et l’IRD (UMR Gouvernance Risque Environnement, Développement), souhaite inviter universitaires, chercheurs et praticiens du développement à un colloque en 2013 sur le thème du développement durable en Nouvelle-Calédonie et en Océanie.

Dans la continuité des Ateliers « Ruralité et Développement Durable en Nouvelle-Calédonie », organisés en 2008 (www.rdd.nc/ ) par l’UNC, l’IAC et la Direction du Développement Economique et de l’Environnement de la Province Nord (DDEE), il s’agit d’approfondir les réflexions engagées autour du concept de développement durable et de sa mise en œuvre.

Déjà largement évoqué lors des premières rencontres AGORA en 2006[1] , le développement spécifique des Etats et territoires insulaires du Pacifique n’a été abordée, en Nouvelle-Calédonie, que de manière indirecte, ponctuelle ou sectorielle. Plusieurs colloques ont été consacrés aux thèmes de l’environnement (2009, UNC), des enjeux de développement des activités extractives (2011 IRD-IAC-Cirad-CPS-CNRT « Nickel et son environnement »-CORAIL-UNC) et de nombreuses rencontres ont été organisées sur le thème de la biodiversité (à l’IRD et à l’UNC notamment). Une conférence organisée conjointement par l’AFD et l’IAC en novembre 2009, reposant une mesure de l’épargne véritable, mettait en exergue les enjeux du développement durable de la Nouvelle-Calédonie. De façon plus sectorielle, de nombreuses conférences se sont tenues à l’initiative des acteurs de la société civile (chambres consulaires et en particulier CCI, associations de protection de l’environnement, etc.). Pour leur part, les collectivités avancent sur l’adoption de politiques de développement durable mais beaucoup de travail reste à réaliser, à l’image du schéma d’aménagement de la Nouvelle-Calédonie (NC 2025) qui n’a pas encore abouti. Si les travaux scientifiques sur les Etats et territoires insulaires du Pacifique sont nombreux, notamment dans le monde anglophone, force est de reconnaître qu’il n’y a pas encore de réflexions communes entre chercheurs francophones et anglophones en SHS sur le thème du développement en Océanie, contrairement à ce qui se passe sur d’autres terrains, africains en particulier.

Conformément à sa vocation, AGORA SHS NC se propose de poursuivre la promotion d’un réseau de chercheurs océaniens sur le thème du développement durable. Dans cette perspective, la réunion de scientifiques francophones et anglophones à l’occasion de ce colloque du 24 au 26 avril 2013 constituerait une étape supplémentaire.
Cette rencontre se veut avant tout être une opportunité pour les scientifiques de clarifier et de contextualiser les concepts existants, de s’interroger sur leur pertinence et leurs usages à la fois au niveau global et au niveau local, et éventuellement, proposer des pistes pour une approche renouvelée. C’est aussi l’occasion de confronter les concepts à la réalité du terrain en examinant les politiques de développement durable concrètement mises en œuvre, mais aussi à travers des échanges avec les praticiens calédoniens comme de l’ensemble du Pacifique.
Symboliquement, la tenue de ce colloque est proposé, conformément à la logique de rééquilibrage, en province Nord de la Nouvelle-Calédonie, où se côtoient essor industriel, actions de protection et de valorisation d’une biodiversité riche et fragile et recompositions géographiques, sociales et économiques.


[1] Cf. le notamment le chapitre « La Nouvelle-Calédonie, le développement et la mondialisation » du Livre Blanc sur la recherche en sciences humaines et sociales en Nouvelle-Calédonie disponible sur le site www.agora-shs.nc

En Océanie, des pays ayant des niveaux de vie et des taux de croissance élevés côtoient des pays parmi les plus pauvres de la planète. La région connaît aussi une grande diversité de situation macroéconomique, allant de pays subsistant à travers la pêche et l’agriculture, à des économies rentières et extraverties reposant sur les activités extractives ou le tourisme. Au-delà de cette diversité, les enjeux de durabilité du développement se posent avec une acuité toute particulière : changement climatique induisant une montée des eaux, une acidification des océans et un renforcement des flux migratoires ; surexploitation avérée de certaines ressources naturelles (notamment halieutiques mais aussi en eau) ; pollutions et dégradations des écosystèmes dues, entre autres, à l’exploitation intensive des ressources minières, au développement touristique et, plus généralement, aux changements de mode de vie ; appauvrissement de la biodiversité et de la diversité culturelle ; un délitement du tissu social et de montée des inégalités engendrant violence et conflits ; problèmes de santé liés à de nouveaux modes de consommation ; etc.

Dans la plupart des pays de la région, le processus de développement se heurte par ailleurs aux contraintes caractéristiques des petits états insulaires (PEI) : éloignement, étroitesse du marché, vulnérabilité aux cours mondiaux, etc. qui opèrent dans un contexte socioculturel et politique de décolonisation et d’apprentissage de la souveraineté[1]. La région est aussi au cœur du paradoxe de l’accélération du processus de mondialisation. D’un côté l’environnement international est défavorable aux pays les plus pauvres dans l’échange ; les entreprises transnationales et les bailleurs de fonds jouent un rôle croissant allant parfois jusqu’à se substituer partiellement aux Etats et à façonner les territoires en modifiant les équilibres. D’un autre côté, on observe un foisonnement de normes, chartes et engagement vers des pratiques plus responsables, tant d’un point de vue environnemental que social.

Dans ce contexte, l’objet du colloque est à la fois de susciter des débats théoriques transdisciplinaires (économie, droit, gestion, sociologie, anthropologie, philosophie, géographie, écologie, histoire…) autour du concept même de développement, des déclinaisons de la durabilité et des spécificités induites par la situation des PEI, mais également d’échanger sur les expériences et les perspectives de mise en œuvre de programmes de développement dans les pays d’Océanie. Dans cette perspective transdisciplinaire, cet évènement se veut ouvert aux chercheurs des sciences de la nature.


[1] A ce propos le Pacifique Sud Insulaire est le théâtre d’innovations statutaires et politiques, avec l’invention de statuts spécifiques susceptibles d’influencer les représentations du développement.

Thème 1 - Pour des approches océaniennes renouvelées du concept de développement durable

Le développement durable, qui apparaît dans les arènes onusiennes avec la publication du Rapport Brundtland (1987), semble aujourd’hui faire consensus. Pourtant, si chacun s’accorde sur les trois piliers qui fondent le concept (économique, social et environnemental), force est de constater que la priorisation des enjeux et ses implications en termes de stratégie de développement diffèrent fortement selon les approches. La difficulté à évaluer de façon objective la durabilité des processus à l’œuvre, conduit à la construction et à la mise en œuvre de stratégies de développement très différentes, quoique se revendiquant toutes du développement durable. La déconstruction du concept de développement durable et des controverses qu’il soulève, passe nécessairement par une déconstruction du concept même de développement et par une mise en perspective historique de ces notions.
Comment éviter, dans une perspective océanienne, l’écueil d’une approche tour à tour anthropocentrique (voire occidentale), biocentrique ou économiciste ? Ce qui doit être remis en cause, n’est-ce pas comme le souligne René Passet, « le primat de l’économique, posé comme finalité des conduites individuelles et critère ultime des grandes décisions publiques » ? Dès lors, quelle éthique nouvelle pour un développement durable respectueux de l’équilibre entre les différentes dimensions ?
Une seule grille de lecture disciplinaire est-elle suffisante pour faire face aux enjeux ? L’adoption d’une approche systémique transdisciplinaire offre des pistes intéressantes pour appréhender de façon satisfaisante les interactions qui s’opèrent entre ces trois sphères. Quelles implications sur le plan théorique et celui, plus général, de la recherche ?

Thème 2 – Modalités et mise en œuvre du développement durable en Océanie

La multiplicité des échelles de gestion et de gouvernement, avec parfois la coexistence d’un droit étatique et d’un droit coutumier, impliquent la mise en œuvre de solutions et d’instruments de développement innovants dans les pays océaniens. Le colloque entend révéler la diversité des politiques publiques répondant à la diversité de ses représentations locales et nationales, et les principes de leur mise en œuvre. Comment les Etats, les collectivités locales ou tout autre acteur des politiques de développement concilient des stratégies d’acteurs aux intérêts divergents dans le sens de l’intérêt collectif ? En particulier, comment concilient-ils l’appropriation des politiques de développement par les populations à travers leur participation au processus de décision (qui apparaît aujourd’hui indispensable mais qui n’est pas sans ambiguïté dans la mise en œuvre), le rôle des structures coutumières et celui d’un Etat catalyseur, capable de défendre l’intérêt collectif tout en donnant cohérence aux initiatives individuelles ? A quelles échelles les politiques opèrent et existe-t-il une échelle plus pertinente ? Quels outils juridiques et institutionnels sont ou pourraient être mis en place pour répondre aux objectifs du développement durable ?
La nécessité de se doter d’indicateurs fiables et pertinents pour suivre les progrès accomplis a par ailleurs été mise en exergue dès la conférence de Rio en 1992. Mais les enjeux techniques, épistémologiques et politiques sont grands et les définitions difficiles. Quoi mesurer dès lors ? Et comment le mesurer sans risquer l’uniformisation des valeurs sous-jacentes et, in fine, des cultures et modes de vie si spécifiques en Océanie ? Quelle est la portée des indicateurs et leurs limites ?

Délais

  • Envoi des propositions de communication : 15 novembre 2012 au plus tard
  • Réponse aux participants avant le 15 janvier 2013
  • Date limite de réception des communications (50 000 signes maximum) : 15 mars 2013

Les propositions de communication seront adressées par courriel en utilisant le fichier joint à agora.shs.nc@gmail.com avec copies à severine.blaise@univ-nc.nc et carine.david@univ-nc.nc

En fonction des subventions obtenues par le comité d’organisation, la prise en charge totale ou partielle du billet d’avion pour la Nouvelle-Calédonie pour être effectuée pour un nombre limité d’intervenants sélectionnés par le comité scientifique

Publication

Les actes du colloque seront publiés dans la collection
Espace et développement durable aux Presses Universitaire d’Aix-Marseille

Association AGORA SHS Nouvelle-Calédonie et ses partenaires

Contacts :

AGORA-SHS

Ateliers Gouvernance et Recherche Appliquées SHS

Les premiers ateliers AGORA ont eu lieu à Nouméa en avril 2006 sous forme de colloque. L’objectif était d’identifier les thèmes de recherche en SHS à privilégier dans les années à venir compte tenu de leur importance dans le contexte socio-économico-politique de la Nouvelle-Calédonie issus de l’Accord de Nouméa.

Site internet

Université de la Nouvelle-Calédonie

CNEP : Centre des Nouvelles Études sur le Pacifique

Le Centre des Nouvelles Études sur le Pacifique (CNEP) est une équipe pluridisciplinaire avec plus de soixante-dix chercheurs (membres, membres associés et doctorants) le CNEP est un pôle francophone de recherche en lettres et sciences humaines dans le Pacifique.

Site internet

IRD

Institut de recherche pour le développement

L’Institut de recherche pour le développement (IRD) est un organisme français de recherche, original et unique dans le paysage européen de la recherche pour le développement. Ses activités de recherche, de formation et d’innovation ont pour objectif de contribuer au développement social, économique et culturel des pays du Sud.

Site internet